L’année 2020 a été chargée de vidéoconférences. Entre le télétravail, les 5 à 7 avec les ami.e.s, les jeux de société à distance et les repas virtuels en famille, nous n’avons jamais passé autant de temps sur les Zoom, Teams et Skype de ce monde.
Alors que la pandémie clouait les avions au sol, nous étions loin de nous douter que notre surconsommation de numérique avait, elle aussi, une empreinte environnementale non négligeable. En fait, si l’on considère l’ensemble du cycle de vie du numérique, de l’extraction des minéraux rares à la fabrication d’équipements en passant par le stockage des données et la gestion en fin de vie, le secteur du numérique représente 4 % de toutes nos émissions de gaz à effet de serre [1]. C’est environ la même proportion que celle de l’aviation civile pré-pandémie.
Nombreux sont ceux qui tentent de privilégier d’autres moyens de transport à l’avion pour réduire leur empreinte environnementale, mais plus rares sont ceux qui s’inquiètent de la localisation des serveurs lorsqu’ils consultent un site internet ou qu’ils font un achat en ligne. Cette différence s’explique sans doute par le fait que les émissions liées à notre usage du numérique se produisent très loin de nous et peuvent, ainsi, paraître invisibles. Assis dans un avion, il est bien difficile d’ignorer le vrombissement intense des moteurs qui rejettent des tonnes d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Au contraire, quand on regarde un film en ligne ou que l’on passe deux heures en vidéoconférence, on a l’impression de ne laisser aucune trace. C’est parce que l’impact environnemental de notre consommation de numérique se matérialise à des milliers de kilomètres de notre salon. L’impact est invisible, mais loin d’être inexistant!
Radio-Canada a récemment partagé 10 trucs pour nous aider à comprendre et réduire l’empreinte environnementale de notre usage quotidien du numérique :
- Utiliser des outils comme l’application Carbonalyser pour mesurer l’empreinte numérique de nos habitudes de consommation.
- Télécharger la musique ou les vidéos que nous écoutons plusieurs fois pour les consommer « localement » sur nos appareils.
- Privilégier l’utilisation du réseau wifi pour les vidéos plutôt que les données mobiles puisque les antennes cellulaires sont plus énergivores!
- Faire le ménage de nos photos, vidéos et documents stockés sur les nuages de données pour réduire leur poids.
- Tester des applications qui permettent de faire le ménage automatiquement dans nos boîtes de courriels.
- Éteindre les caméras lors des vidéoconférences ou organiser des réunions téléphoniques.
- Utiliser un moteur de recherche écoresponsable comme Écosia, Lilo ou Écogine ou entrer les adresses directement plutôt que de passer via un moteur de recherche.
- Réduire l’envoi de courriels en évitant les « bien reçu », les « merci » et les « bonne fin de semaine » inutiles.
- Désactiver la lecture automatique et diminuer la résolution par défaut des vidéos sur les réseaux sociaux.
- Diminuer notre consommation et limiter notre temps d’écran.
Avant même de revoir vos habitudes de navigation, il importe aussi de réviser vos habitudes de consommation d’appareils numériques. Essayez de faire durer vos appareils le plus longtemps possible et de réduire le nombre d’appareils que vous possédez.
Bien entendu, la sobriété numérique à l’échelle individuelle a un impact, mais selon Anne-Sophie Letellier, cofondatrice du Lab 2038, « le nerf de la guerre, c’est changer les modèles d’affaires qui sont basés autour de la collecte de données ». Si les réseaux sociaux et les moteurs de recherche sont gratuits actuellement, c’est qu’ils collectent des données pour bâtir des profils de consommateurs. Ceux-ci sont vendus à des publicitaires qui proposent ensuite des annonces ciblées aux utilisateurs. Ce modèle économique est basé sur la sauvegarde d’un maximum de données. Même si l’industrie a une responsabilité, ça ne veut pas dire que les citoyen.ne.s n’ont pas de rôle à jouer à leur échelle!
Déjà, si vous avez lu cet article, c’est que vous vous intéressez à la question et c’est un pas dans la bonne direction! Parler de sobriété numérique, ça permet de rendre plus visibles les impacts invisibles de notre navigation sur internet. Essayez d’introduire ces 10 trucs à vos habitudes et lancez votre entourage au défi!
Source
[1] Radio-Canada. (2020). 10 trucs pour surfer plus vert. Repéré ici.
Conseillère en développement durable au Réseau des femmes en environnement et son Conseil québécois des événements écoresponsables, Chloé a obtenu une maîtrise en gestion de l’environnement de l’Université de Sherbrooke et de l’Université de Liège, en Belgique. Elle s’intéresse particulièrement à la santé environnementale et à la résilience des populations face aux défis environnementaux croissants. Chloé cherche à accompagner les organisations et les individus dans une transition écologique juste, équitable et inclusive.