Meilleures pratiques des événements écoresponsables à travers le monde

Par Myriam Goulet

Le soleil fait fondre la neige et les oiseaux migrateurs reviennent au pays. Nous savons tous ce que ça veut dire: le printemps accoure et l’été n’est pas loin derrière! L’arrivé du beau temps annonce aussi la saison des festivals et des événements extérieurs, une activité qui gagne en popularité, autant au Québec qu’à travers le monde.

En effet, leur nombre grandit d’année en année; juste en événements sportifs, Montréal en accueillait 55 en 2017[1]. Certes, plus d’événements égale plus de plaisir, mais également plus de surconsommation, de déchets et de gaz à effet de serre (GES). Heureusement, la conscience environnementale des organisateurs et du public amène les événements à devenir davantage écoresponsables. Au Québec, le mouvement est bien enclenché et certains ont pu découvrir les bonnes pratiques de nos événements québécois durant la septième édition des Vivats en octobre dernier. Fiers de nos efforts et avides de nous améliorer, nous avons voulu découvrir ce qui se faisait à l’international.

Résultat: Nous ne manquerons pas d’inspiration!

Certains innovants, d’autres créatifs et ludiques, nous pouvons grandement profiter des bons coups de nos voisins pour bonifier nos événements québécois!

Voici donc un portrait des meilleures pratiques écoresponsables à l’international.

 

Gestion des matières résiduelles (GMR)

Le recyclage et le compost sont de plus en plus présents dans les événements et ils ont un impact majeur sur la quantité de déchets détournés des sites d’enfouissement. Le festival Folk de Winnipeg offre du compost partout et réutilise les déchets sur place dans leur atelier. Implanter ces mesures à l’échelle d’un grand festival est déjà remarquable, mais certains vont encore plus loin. Une des plus belles initiatives, dans tous les sens du mot, est celle présente au Coachella Valley Music & Arts Festival depuis 2004; les bacs de recyclage réinventés. Grâce à Global Inheritance et son programme TRASHed (Trash Education), des milliers de bacs ont été revampés et ont permis de ludifier l’expérience de recyclage. Les artistes ont gagné des passes pour le festival et leurs œuvres se retrouvent maintenant dans des galeries d’art, dans d’autres festivals ou sont données à des écoles locales qui elles s’en servent pour leur programme d’éducation environnementale. Avec cette idée socialement inclusive et créative, Coachella rend le recyclage amusant et attirant. De plus, cette initiative est renforcée par leur programme 10-FOR-1 water qui encourage les gens à rapporter des bouteilles vides en échange de prix. Ce type de mesure récompensant les festivaliers avec des cadeaux en échange de déchets est aussi utilisée par Outside lands et V Festival. En Colombie-Britannique, le Shambhala festival va encore plus loin en bannissant tous les plastiques à usage unique!

 

Transport

Le transport étant le secteur qui émet le plus de GES au Québec, il est intéressant de voir la panoplie de mesures mises de l’avant à l’étranger. Une des solutions les plus populaires est de donner des avantages aux participants pour leurs saines habitudes de transport. Par exemple, le Virgin Music Festival et Coachella offrent du stationnement VIP pour les gens qui optent pour le covoiturage en plus d’une chance de faire bonifier son billet ou de gagner des laissez-passer, de la marchandise et même des billets VIP à vie! En Belgique, Pukkelpop offre le transport en commun gratuit pour les détenteurs de billets et Outside lands fournit des valets pour vélos.

 

Éducation relative à l’environnement (ÉRE)

Les mesures écoresponsables des événements ont le pouvoir d’influencer positivement les habitudes des participants. L’éducation relative à l’environnement passent souvent par l’expérience vécue et plusieurs festivals l’ont bien compris. Pendant que certains intègrent des mesures écoresponsables un peu partout à travers leur organisation, d’autres y dédient des aires complètes. À San Francisco, le Outside Lands Music Festival met de l’avant chaque année leur espace Eco Lands qui promeut leur vision de durabilité et leur conscience environnementale. Différents kiosques et ateliers impliquent les festivaliers et leur font découvrir comment ils peuvent faire une différence. Pendant plusieurs années, en Australie, le Peats Ridge Festival a réservé une place de choix pour son Eco Living Village où on proposait un programme complet d’ateliers, de conférences par des professionnels et de séances de visionnement. Toutes gratuites et couvrant une multitude de domaines, ces activités visaient à outiller les participants en vue de les aider concrètement à vivre de manière plus durable.

Ces aires réservées à l’environnement font office de “statement” et renforcent le message écoresponsable des événements. D’ailleurs, une autre façon d’arriver à ce but est d’impliquer les artistes en leur donnant une voix sur scène et en dehors de celle-ci. C’est ce que fait avec brio le Festival Climax en France qui porte réellement l’environnement au cœur de sa programmation. Des conférences par des experts et des artistes, des visionnements, des activités sportives et des concerts, tous s’animent sous le double thème annuel, Réfugiés et la Sixième extinction animale (2018). D’une autre manière, au Québec, les artistes sont invités à joindre le mouvement ACT (Artistes Citoyens en Tournée) afin de réduire leur empreinte environnementale et promouvoir les gestes écoresponsables dans le milieu des spectacles.

 

Il existe énormément de moyens de rendre un événement écoresponsable et cela permet aux organisateurs de trouver les solutions les plus appropriées à leur situation. Le festival de musique Off the Grid profite de l’ensoleillement de Melbourne ainsi que du solstice d’été pour se propulser entièrement à l’énergie solaire. Et le festival Burning Man, de par sa nature éphémère, a comme principe fort le “Leave no trace” qui incite à ne laisser aucun déchet derrière.

Devant le constat désolant de notre situation écologique, l’écoresponsabilité devient une pratique nécessaire et heureusement ces événements nous montrent qu’elle est accessible à tous. Toutes ces initiatives à travers le monde ne peuvent que nous motiver à améliorer nos pratiques locales et nous inspirer à développer de nouvelles solutions écoresponsables propres à notre réalité québécoise.

 

À consulter:

https://www.coachella.com/sustainability/https://twitter.com/climaxfestival/status/902813820128829440

Référence:

[1] Normandin, P-A. (2018, 20 janvier). Hausse du nombre d’événements sportifs à Montréal. La presse. Récupéré de : https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/201801/20/01-5150818-hausse-du-nombre-devenements-sportifs-a-montreal.php

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Marie-Ève Lachance-Foisy
Conseillère en transition socioécologique

Conseil québécois des événements écoresponsables

Biographie

Son parcours a commencé avec l’obtention d’un baccalauréat en études de l’environnement, une étape qui lui a permis de saisir l’ampleur des enjeux environnementaux et sociaux ainsi que l’importance cruciale d’agir concrètement. En poursuivant des études de deuxième cycle en gestion du développement durable, elle a acquis les compétences nécessaires pour se consacrer pleinement à sa passion qu’elle pratique depuis maintenant 3 ans : aider et soutenir les organisations dans leur démarche d’amélioration de leurs pratiques écoresponsables.

Marie-Ève est reconnue pour son dynamisme et son enthousiasme communicatif, qualités qui enrichissent son engagement et son efficacité dans ce domaine. Elle se distingue par sa capacité à mobiliser les équipes et à transformer les défis en opportunités pour un avenir plus durable.

Sophie-Laurence H. Lauzon, M. Env.
Conseillère en développement durable

Conseil québécois des événements écoresponsables

Sujets d’intérêt
Événements écoresponsables, développement durable, gestion des matières résiduelles, approvisionnement responsable, développement de politiques d’événements écoresponsables et d’outils pour assurer la mise en œuvre de l’écoresponsabilité.

Biographie
Conseillère en développement durable, Sophie-Laurence accompagne différentes organisations dans leur démarche d’écoresponsabilité. Diplômée du baccalauréat en études de l’environnement et de la maîtrise en gestion de l’environnement de l’Université de Sherbrooke, elle a développé de fortes compétences en gestion des matières résiduelles, approvisionnement responsable et mise en œuvre de démarches de développement durable notamment en événementiel. Ayant mené une étude statistique sur l’événementiel écoresponsable en 2020 et ayant développé un guide sur la gestion écoresponsable et sanitaire des événements en 2021, elle connaît bien les tendances écoresponsables et les réalités du secteur événementiel québécois. Sophie-Laurence accompagne de nombreux organisateurs d’événements culturels, corporatifs et gourmands à entreprendre un virage vert, approfondir leur démarche d’écoresponsabilité ou classifier leur événement selon la norme BNQ 9700-253.  Reconnue pour son souci du détail et sa nature passionnée, Sophie-Laurence est déterminée à soutenir les organisations à prendre un virage qui soit en cohérence avec les défis environnementaux actuels.

Caroline Larocque
Chargée de projets en développement durable et communications

Caroline Larocque est conseillère en transition socioécologique au sein du Réseau des femmes en environnement et de son Conseil québécois des événements écoresponsables. Elle accompagne des organisations de divers secteurs dans l’intégration de pratiques écoresponsables, que ce soit par l’élaboration de politiques internes, la mise en œuvre d’actions concrètes ou l’évaluation de leur impact environnemental. Son approche repose sur la sensibilisation, la formation et l’intelligence collective pour favoriser des changements durables en milieu de travail. Son expertise se démarque particulièrement dans les stratégies de communication au service de la transition socioécologique, aidant les organisations à communiquer efficacement sans écoblanchiment. Elle agit comme catalyseur de changement, aidant les équipes à faire des choix éclairés et à poser des actions cohérentes avec leurs valeurs environnementales et sociales.

Lize Bizzoni
Directrice général adjointe
Lise Bizzoni a plus de 19 ans d’expérience en coordination et gestion de projets dans le milieu universitaire. Grâce à sa formation universitaire et à son expérience en administration de la recherche et de la culture, elle a développé une solide connaissance de la gestion opérationnelle d’une organisation et du travail multisectoriel. Elle a d’ailleurs été récipiendaire du 3e Prix d’excellence des professionnel·les de recherche décerné par les Fonds de recherche du Québec en 2018. Très à l’aise au sein d’une équipe, elle a à cœur de construire des relations harmonieuses dans ses équipes de travail, fondées sur le respect, la collaboration et la reconnaissance des forces de chacune. Son action bénévole se concentre au sein d’une association 2SLGBTQIA+ et elle réserve le reste de son temps libre à son potager.